Dans les années 2005 à 2008 l’open source était à la croisée des chemins, et de nombreux utilisateurs s’interrogeaient sur la viabilité du modèle et la pérennité des logiciels open source disponibles.
1) Le modèle 1 était utopique et n’avait pas de chance de s’imposer.
2) Personne n’était dupe de l’impressionnant travail de propagande et d’intoxication mené par les grands du logiciel pour assurer que seul le modèle 2 était viable et inévitable.
3) On entrevoyait bien que le modèle 3, mais un certain nombre de doutes et d’obstacles maintenaient encore la prudence des utilisateurs :
- Manque de services, manque de support ;
- Complexité juridique due à la multiplication des modèles de licences ;
- Manque de ressources encore compétentes en programmation ;
- Doute sur la pérennité et la longévité de certains de ces innombrables logiciels ;
- Fragilité du business model qui n’est pas de nature à rassurer les acheteurs ;
- Pas de visibilité sur les stratégies produits, les « road map » produits.
Aujourd’hui, sans que nous puissions dire que tous ces obstacles soient complètement levés, nous pouvons constater que l’open source a trouvé sa place sur le marché. Il constitue tout simplement une alternative aux solutions commerciales.
Nous ne pouvons lister ici les logiciels libres phares, bien connus et qui ont fini par s’imposer, certains étant même devenus des standards (Apache, Linux, MySql, Jboss, etc), ni les success stories des sociétés éditrices de logiciels libres. Les rares données disponibles sur la réelle part de marché du libre sont peu fiables. Mais il n’y a plus beaucoup d’appels d’offres de recherche de solution logicielle qui ne considèreraient pas les solutions open source.
Un signe qui ne trompe pas : la tension réelle qui existe sur le front du recrutement de compétences open source. Voici quelques titres relevés récemment dans les média IT :
« Attention à la pénurie de compétences en logiciels libres » (LMI)
« Open Source : des profils en tension sur le marché de l'emploi » (JDNet)
« Emplois dans l'Open Source » (dossier LMI)
« En 2020, 40 % des emplois informatiques seront liés à l'open source » (01Net)
« Open World Forum : la filière du Libre entend doubler ses effectifs d'ici la fin 2013 » (LeMagIT)
Nous ne pouvons que rapprocher ces titres de la désaffection des jeunes pour la programmation, la baisse du nombre d’étudiants dans les filières informatiques. Un nombre croissant de diplômés des licences professionnelles programmation et d’écoles spécialisées comme Epita, Epitech, Supinfo poursuivent dans des masters plus généralistes de « management des systèmes d’information » pour ne « surtout pas avoir à programmer » (ce sont leurs propos).
Un travail de communication semble nécessaire :
- Auprès des jeunes informaticiens à qui il faut dire que la programmation les fera évoluer aussi vers des postes de concepteurs et d’architectes, avec un bon bagage technique. On a besoin de ces profils pour concevoir, choisir et assembler des solutions de plus en plus souvent mixtes : progiciels, composants open source et développements complémentaires ;
- Auprès des écoles et universités pour qu’elles relaient ce même message et qu’elles incitent leurs étudiants à rester techniques ;
- Auprès des DRH et gestionnaires de carrière pour revaloriser la profession de développeur (à titre d’exemple à suivre, l’initiative en cours auprès des développeurs de France Telecom - Orange) ;
- Auprès des DRH et recruteurs pour qu’ils envisagent d’embaucher aussi des plus âgés. En effet l’immense majorité des postes dits « dans l’open source » (développement d’applications à partir de composants open source) sont proposés à des jeunes. Or s’il n’y en a pas assez … allons chercher des seniors qui ont encore envie de programmer et intégrer (il y en reste beaucoup) et cassons cet esprit de jeunisme qui subsiste en France.
Un travail nécessaire pour soutenir le besoin et la croissance dans ce domaine … sous peine de le voir partir lui aussi en offshore.